Qu’est ce que la LITURGIE ?

Pour beaucoup, la Liturgie est une forme de prière qui, comme telle, en vaut une autre.
En admettant même cette conception simpliste, toutes les formes de prières se valent-elles ?

Prenons un exemple. Dans notre vie, nous aimons nos parents, nos enfants, nos frères, nos sœurs, nos amis, nos conjoints, etc.
Est-ce le même amour ? N’est-il pas proportionné à son objet ?
Qui peut dire qu’il aime autant et identiquement chaque objet de son amour ?
Bien sur. L’amour est toujours proportionné à son objet. Il se traduit par un culte proportionné.

S’agissant de la Liturgie, elle se définit comme un culte public rendu à Dieu.
Mais qu’est-ce qu’un culte sinon l’expression visible de l’amour ?
Que sert de dire : « J’aime mes parents, mes enfants, mon épouse » si, dans la vie concrète, cet amour ne se traduit pas par des marques d’affection, de dévouement, d’obéissance, d’attentions ?

L’Amour est avant tout un ACTE ; Avant même d’être un sentiment.
Pascal disait « Imitez l’amour et vous aimerez vraiment »Il faisait alors référence à la volonté, seule puissance de l’âme gardant sa liberté malgré les vicissitudes de la tentation et du péché.

La Liturgie n’est autre que l’acte d’amour pour Dieu, proportionnées à son objet. Pauvre liturgie, pauvre amour.

Bientôt la fêtes des mères. Moi petit enfant, je n’ai pas les moyens d’offrir à maman une rivière de diamants. Mais je tirerai de mes petits moyens toutes les ressources pour lui offrir le plus beau.
Avec le bon Dieu, c’est pareil, sauf que dans son cas, il m’a déjà donné tous les moyens pour lui témoigner un amour digne de Lui.
VOILA CE QU’EST LA LITURGIE.

Si nous ne comprenons pas cela, un jour prochain, beaucoup plus prochain que nous ne l’imaginons, nous comparaitrons devant le juste Juge.
Il l’a dit : « Je ne juge personne ».
Ce jour là, nous serons confrontés sans échappatoire possible à la mesure de notre amour. Dans le miroir du juste Juge, nous formulerons nous même notre jugement.
Nous entendrons :
« Mon enfant, que n’ai-je pas fait pour toi ? Par ma patiente pédagogie, je t’ai préparé, par mes justes, mes patriarches, mes prophètes, à mon plan de salut. C’était clair, pourtant, que je voulais te sauver du péché de tes premiers parents et restaurer le contrat d’adoption que, dès les origines, dans ma bienheureuse éternité de t’avais préparé par pur amour.
Oui, dès les origines, je t’ai voulu pour fils, pour partager ma félicité.
Pour cela, je t’ai envoyé mon Unique, ton frère ainé, mon bien aimé. Pour assumer ta condition, toute ta condition, sauf le péché, et, par Lui, guérir tes blessures par le sacrifice le plus pur, le plus saint, le plus immaculé.
Plus encore, poussant notre amour trinitaire au-delà du possible, Mon Fils bien aimé, Mon Unique, Mon Verbe, ton ainé, s’est fait nourriture pour toi, aussi souvent que tu le désirais, corps âme et divinité, pour te transformer en mon fils, presque sans effort de ta part.
Enfin, je t’ai donné une mère, toute puissante sur mon cœur qui ne peut rien lui refuser.
Car, enfin, qu’est-ce que je te demandais ? Aime-moi. Et si tu m’aimes, obéis à mes commandements faits pour t’apporter le bonheur.
Etait-ce trop te demander de ne plus pécher volontairement et consciemment ?
Et si, par malheur, ta faiblesse t’y conduisait, tu avais, par avance, mon pardon au prix d’un souffle de repentir exprimé à mon apôtre, ton prêtre.
Etait-ce trop te demander de penser, chaque jour, un peu à Moi, d’aimer Ma volonté ?
Si tu avais fait ce petit peu, avec l’aide de Ma Grâce qui ne t’aurait jamais manquée, j’aurais, progressivement, humblement, car Je suis l’Humilité, fait en sorte que tu penses comme Moi, tu veuilles comme Moi, tu aimes comme Moi.
Alors, tu aurais été parfait, comme Moi.
Vois-tu, mon enfant, j’ai tout, absolument tout, fait pour toi.
Ce n’est donc pas moi qui te juge, mais toi-même. »

Jour terrible.

Certains diront : « Seigneur, Seigneur, nous avons parlé en ton nom ! »
La voix de leur conscience leur répondra :
« Trop tard. Le Seigneur ne te reconnaît pas car tu n’est pas à Sa ressemblance. Tu t’es fait à TA ressemblance, librement, sourd aux enseignements constants de Son Eglise.
Alors, oui, peut-être t’es-tu consacré, peut-être même portes-tu la mitre ou la pourpre. Tu t’es cependant volontairement éloigné de Sa volonté qui ne dépend pas du temps ni des circonstances mais est éternelle. Tes actes te jugent ».

Jour terrible.

Comprenons-nous, enfin, ce qu’est la Liturgie ?
Ce n’est, ni plus ni moins que l’expression incarnée de notre amour, c'est-à-dire de notre désir de ressemblance au Tout Amour.
C’est la source d’eaux vives qui nous guérit de la soif, de la faim, de la peur et de toute angoisse.

Alors, examinons-nous.
Examinons nos pensées, nos distractions à la messe, y compris après celle-ci. Que signifient nos bavardages sur le parvis, alors que les saintes espèces, reçues à la communion il y a peu, réclament encore notre amoureuse attention ?
Alors que le Tout, l’âme de notre âme, vient corps, âme et divinité visiter le château intérieur de notre âme, au cœur même de la chambre nuptiale, quémander quelques instants d’amoureuse intimité ?.
Que signifie encore notre irrésistible ( ?) attachement au monde, notre négligence, notre indifférence même aux multiples moments de grâce que nous offre notre paroisse, tout au long de la semaine ?
Cela signifie seulement que nous laissons au Roi des rois, au Seigneur des seigneurs, une place à la mesure de notre amour : dérisoire, déficient, irrésolu et instable.

Or c’est précisément sur cet amour que nous serons jugés.
Ne venons pas alors arguer que nous avons aimé notre prochain, fait beaucoup d’humanitaire, fait beaucoup de dons.
Excuses dérisoires. Car si nous n’aimons pas Dieu comme il le demande, de tout notre cœur, de toute notre âme, de tout notre esprit et par-dessus toute chose, on ne peut aimer COMME il aime. Et notre amour du prochain ne vaut strictement rien.

Sur la mesure de notre amour, nous jouons notre va-tout.
Quatre vingt ans de vie terrestre nous paraissent-ils longs ? (sauf à la fin)
L’éternité nous paraitra autrement longue si nous n’avons pas fait le bon choix.
Alors, aimons la Liturgie, plongeons-y comme dans la piscine de Siloé. Eperdument.
On dit de la musique de Mozart que le silence qui la suit est encore de lui.
Il en est de même de la Messe, saintement et amoureusement suivie. Son silence s’étend jusqu’à la prochaine.
Alors comprendrons-nous la phrase de Notre Seigneur : « Celui qui boira de cette eau aura encore soif ». Rassasiés mais toujours assoiffés.
Alors, nous gouterons, dès à présent, cet étonnant mystère de l’éternité bienheureuse qui nous est, gratuitement proposée. Un mystère d’amour, infiniment croissant, véritablement trinitaire.